Vous allez rire … ou pas.
Mais avant de te faire marrer, posons nous la question : qu’est ce que le rire ?
Pour Bergson qui décortique le mécanisme du rire, le rire est une rupture qui vient dénoncer la mécanique des corps ou des habitudes sociales, lorsque trop rigides elles cassent, en se révélant à nous.
L’individu tiraillé entre ses transcendance divines et sa condition de mammifère, machine à suc, machine à gaz, … tombe de demi Dieu à petite chose ridicule, le temps d’un mot, d’un geste, ou encore d’un pet mal dissimulé en plein power point devant le Codir venu t’écouter toi, le nouveau responsable R & D.
La surprise de voir cette brisure nous touche et nous fait rire.
Bien sur le rire dépend de la distance que l’on met entre celui qui vit cette chute et soi même.
Si cela fait 6 mois que tu prépares ta princesse pour qu’elle devienne, comme maman en son temps, miss Languedoc, et quelle passe au zapping pour son néné, hors du maillot de bain, ou ses pieds pris dans le tapis avec chute acrobatique… Pour moi c’est drôle, et pour toi c’est un drame !
Alors la politesse, la douceur, la lâcheté, selon la taille et les muscles de celui qui vient de tomber, nous font rire ouvertement ou pas.
Du coup quand est ce qu’on rit ?
Le rire a donc besoin de cette légèreté, pour pouvoir naitre en nous en s’envoler de nos lèvres.
En clair, je dirais que le rire est aussi proche du sérieux et de la gravité, qu’un satellite de Jupiter l’est du premier Mac Drive près de chez toi.
On rit lorsqu’il y a de la distance entre l’objet de notre hilarité, ou son sujet, et soi.
De la cuisse, peut on rire de nous ? (J’en avais marre de commencer mes sous-paragraphes par « du coup », la cuisse aussi est importante)
Si ce que je raconte est sensé, il est possible de rire de soi à la condition, de pouvoir se mettre à distance, se voir faire, vivre et accueillir cette part de ridicule que nous portons que ce soit fièrement ou à notre insu de notre plein gré.
Pouvoir rire de nos rigidités demande donc de la souplesse intellectuelle.
Le paradoxe du rire rassembleur. Rions unanimement.
S’il faut ne vexer personne alors le rire devient impossible.
Pour celui qui se vexe, qui n’est pas en mesure de prendre de la distance, cette rupture constatée est un drame, une insulte.
Pour l’offensé, ce rire est une cinglante injure, une violence sociale, qui blesse parfois plus qu’un coup de poing.
Du coup les représailles sont à la hauteur du sentiment d’affront et de l’ouverture d’esprit de l’offensé : plus les offensés sont dans l’orthodoxie d’un dogme tout puissant plus les représailles sont lourdes et mortelles. Il est mortel ton dessin !
Le rire alors devient sectaire, il ne rassemble plus mais divise, et il n’est plus possible de rire de certains sujets :
la mort, les religions, les blondes, les cons (au masculin), les tenues vestimentaires, les gauchistes, les footeux, les philatélistes d’Indre et Loire, ou les handicapés, la touche contrôle & D sur un Mac (pas encore inventé la touche supprime chez la pomme), les intermittents ….
Et aujourd’hui de quoi rit on ?
Alors si on ne peut plus rire de nos différences, là où ce même rire permettait de les accueillir, de les révéler et de commencer à envisager un vivre ensemble. De quoi qu’on va rire alors mon pote ?
– Moi sieur je sais !
– Vas y parle
– Des sujets qui fâcheront jamais, par exemple, Windows 98, et les nouveaux ports thunderbird d’apple.
– Bravo, tout est clair.
Bienvenue les amis dans cette nouvelle ère du rire : celle de la bien pensance, la tiédeur consensuelle.
Où les blagues sont aussi engagées que les prises de position du Modem (Sagem, à moins que ce soit des RJ 45 ?)
Pour conclure une blague.
Savez-vous qu’Anne Roumanof est la comique féminine préférée des français ?
(D’après Télé 7 jours, donc c’est plus fiable que si ça venait de RMC)
Alors là moi je me marre !